La Liberté dans l’évolution

Le vivant comme sujet

Kinji Imanishi

La Liberté dans l’évolution – Couverture Afficher la couverture Toujours afficher les couvertures ?

La Liberté dans l’évolution

Le vivant comme sujet

Kinji Imanishi

Domaine sauvage

janvier 2022

978-2-38114029-2

192 pages

20 €

14 × 22 cm
Traduit du japonais par Augustin Berque

Première édition française 2015

Pour sortir de la vision mécanique moderne de la nature, il faut aussi sortir d’une théorie de l’évolution qui repose sur le hasard (des mutations génétiques) et la nécessité (de la sélection naturelle).
L’évolution repose pour Imanishi non pas sur un mécanisme de « sélection » par l’environnement, mais sur une initiative du vivant. Le vivant ne subit pas l’évolution : il en est l’agent, le sujet – avec son milieu. Pour Imanishi, le sujet de l’évolution est en effet la société que chaque espèce forme avec son milieu – dans une unité concrète qu’il appelle « écospécie ».
Au soir d’une vie consacrée à l’étude de la
nature, Imanishi rassemble et met au clair dans ce livre ses convictions sur l’évolution.

Une théorie écologique de l’évolution, par le fondateur mondial de la primatologie empathique

L’auteur

Imanishi Kinji (1902-1992), naturaliste, est un pionnier mondial de l’écologie, et le fondateur de la primatologie empathique. Proche de l’École de Kyoto, il s’inscrit dans cette critique japonaise des savoirs occidentaux. Alpiniste chevronné, il est le plus célèbre naturaliste japonais du 20e siècle.

On en parle

« Le travail d’Imanishi a provoqué un changement de paradigme. Malgré leur arrivée tardive en Occident, ses idées ont clairement triomphé. Aux antipodes des dualismes occidentaux (animal / humain, nature / culture), ses idées se sont glissées inaperçues dans notre réflexion scientifique, tout comme ses techniques d’observation. Cette invasion silencieuse a permis à l’Occident de s’alléger d’un peu de son bagage culturel. »
Frans de Waal, primatologue

« Imanishi, c’est l’anticipation géniale de la subjectivité animale – et de l’existence humaine dans le champ des sciences de la nature. »
Augustin Berque, philosophe (prix Cosmos)

Sommaire

« L’invasion silencieuse » : préface de Frans de Waal

1 Origines de la théorie de l’évolution. Lamarck et Darwin
Pour commencer
L’évolution chez Lamarck
La transmission des caractères acquis
À propos de la thèse de l’usage et du non-usage
Lamarck et Darwin sont de mèche
Débarrassons l’évolution du concept d’adaptation
Il est arrivé au darwinisme d’être ébranlé
La théorie des mutations
La dernière version de L’Origine des espèces et son explication

2 L’évolutionnisme non darwinien (I) La théorie de l’isolement
Pour commencer
La théorie de l’isolement de Wagner
La théorie de l’isolement, et ma théorie de l’écospécie
L’origine des espèces et l’écospécie

3 L’évolutionnisme non darwinien (II) La théorie de l’orthogenèse
Pour commencer
La théorie de l’orthogenèse et le lamarckisme
La théorie de l’orthogenèse et le darwinisme
La théorie de l’orthogenèse chez Eimer

4 L’évolution de l’espèce humaine comme étude de cas
Pour commencer
L’origine de la bipédie
L’origine du langage
Changer parce qu’il le fallait

« La mésologie d’Imanishi » par Augustin Berque

Bonus

Extrait

Quand on parle de la théorie de l’évolution, beaucoup de gens, même aujourd’hui, se figurent que c’est le darwinisme qui la représente, mais il doit quand même s’en trouver certains pour savoir que ce n’est pas le cas. Effectivement, jusqu’à nos jours, ont été proposées diverses théories de l’évolution. La théorie darwinienne, si l’on met à part sa célébrité, n’en est qu’une parmi beaucoup d’autres. Mais, si ce n’est pas dans le darwinisme lui-même que l’on peut chercher les racines de ma théorie de l’évolution, telle ou telle autre de ces théories ne pourrait-elle pas offrir ce que je n’ai pu trouver dans le darwinisme ? De nos jours encore, à en croire les biologistes qui se réclament de l’orthodoxie darwinienne, aucune autre théorie, si diverses soient-elles, ne serait en mesure de contester celle-ci, qu’ils tiennent pour la seule et authentique théorie de l’évolution, et qu’il ne serait plus temps de contester. Mais cela, ce n’est que ce qu’ils disent comme tenants de l’orthodoxie ; quelqu’un qui, comme moi, ne se prétend pas orthodoxe, n’a pas à les imiter. Si l’on part d’autres bases, quoi qu’en pensent les tenants de l’orthodoxie, on peut apprécier celle-ci autrement.

J’ai donc pensé que, si je voulais chercher les racines de ma théorie de l’évolution, quoi qu’en disent les orthodoxes, je ne devais pas me satisfaire de la rapporter au darwinisme, mais tenter également de la comparer à diverses autres théories de l’évolution ; observer une telle démarche était la moindre des choses pour un scientifique. À la réflexion, c’était une lourde tâche. Pénible déjà de lire L’Origine des espèces dans le texte original de Darwin, mais vouloir faire de même à propos de chacune des autres théories, c’était un programme interminable. Il s’y ajoutait que j’avais pratiquement perdu l’usage d’un oeil. Je devais donc absolument trouver un expédient.