Kumpania
Vivre et résister en pays gadjo
Lise Foisneau
Les Roms de Provence sont un collectif fugitif. Circulant en France depuis 1870, ils ne sont pas libres de choisir les lieux où ils vivent. En les classant comme « gens du voyage », l’administration les oblige à habiter sur des « aires d’accueil » souvent situées aux abords de zones industrielles polluées. Malgré leur assignation à ces espaces contrôlés, à chaque halte, les Roms font naître un monde politique singulier, celui de la kumpania.
À travers une ethnographie en caravane sur les routes de France, l’anthropologue Lise Foisneau décrit au plus près la vie de ces compagnies. Elle raconte leur attachement aux lieux, les traumas invisibles de la guerre, la transmission de la mémoire, le règlement des conflits, l’attention aux enfants, la chine, les séparations et les retrouvailles. Mais aussi la traque policière et administrative, l’ouverture des « places », et la quête d’endroits où s’arrêter.
En dépit des persécutions du 20e siècle et de la privatisation croissante de l’espace public, les Roms de Provence ne cessent depuis 150 ans de reconfigurer leurs mondes. Kumpania en décrit la chair et la vivacité.
Quatre ans d’enquête itinérante : un voyage inoubliable.
On en parle
« Un immense plaisir de lecture. Une avancée significative dans la connaissance des Roms de France. Une enquêtrice hors du commun. Une nouvelle voix puissante et significative en anthropologie. »
– Michael Stewart, anthropologue
« Changer la focale. Raconter l’histoire de ce groupe par en bas, à partir des représentations de celles et ceux qui le composent : c’est ce qui fait, entre autres, la portée politique de Kumpania. […] Un livre percutant. »
– Tiphaine Guéret, CQFD
« Un grand livre, à lire toutes affaires cessantes, si vous rêvez d’un renouvellement radical de nos pratiques collectives. »
– Franz Himmelbauer, Lundimatin
« À la suite de Patrick Williams et d’Henriette Asséo, cet ouvrage déchire toute image d’un monde fermé et clos sur lui-même. […] Les espaces relationnels l’emportent sur les lieux, l’extra-territorialité sur l’enclave, la déambulation sur l’assignation. […] L’important n’est pas où l’on va mais vers qui. »
– Jean-François Laé, En attendant Nadeau
« Cette petite somme ethnographique est le fruit d’un travail de terrain assidu. Avoir intégré ces compagnies permet à Lise Foisneau d’observer des dynamiques masquées aux observateurs extérieurs. »
– Nicolas Celnik, Libération
« En dépit des brimades et de la volonté de contrôle de la République, la vitalité et la capacité de renouvellement des individus et des familles que Lise Foisneau a croisées sont éclatantes. »
– Alain Paire, La Marseillaise
« Rompant définitivement avec une logique identitaire, la perspective de Lise Foisneau est d’emblée hétérogène, multiple, pluri-dimensionnelle. […] Au-delà de tout ce que nous apprend ce livre, il nous invite aussi à reconsidérer l’anthropologie sociale et politique de manière radicale. »
– Cécile Canut, Diacritik
« Impressionnante et passionnante étude embarquée dans le monde des Roms de Provence. »
– Marie Cosnay
Sommaire
Introduction
Première partie : Former une kumpania
1 L’art de se présenter
2 Les ancêtres des compagnies de Provence (1900–1946)
3 « T’as pas d’enfant, t’as pas d’foyer »
Deuxième partie : Un monde de lieux
4 Composer avec des espaces contraints
5 Les places des compagnies
Troisième partie : Kéthané, « être ensemble »
6 Les marmites du don
7 Chiner ou savoir trouver la chance : le temps de la demande
8 Désordres et désaccords : le temps du bayo
Conclusion